Kooly Dedriche
Cabinet de Psychothérapie - La Réunion

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Nous face au deuil


Quand un drame se passe dans notre vie, chacun a sa propre manière d’accuser le coup. C’est là où l’être humain puise dans ses réserves profondes pour se relever de la situation qui lui est incontournable. Circonstance totalement involontaire, inattendue, et imprévue dans son programme de vie, mais à laquelle il ne peut tourner le dos et doit absolument y faire face.

En parlant de réserve, de quoi parle-t-on exactement ?

surtout d’esprit et d’âme. Nous avons chacun nos propres histoires qui font de nous des êtres UNIQUES. Même dans une fratrie issue des mêmes géniteurs, ayant vécu et grandi dans le même environnement, aucun ne pourrait se ressembler vraiment ni en apparence ni dans leur vécu de leur propre histoire.

Une famille est faite de transmission mais chaque membre en hérite de façon différente. Ce qui revient à dire qu’un membre pourrait en faire sa force tandis que d’autres en feront une faiblesse. Car chaque être humain est UNIQUE.

Dans certaines cultures, la perception de la mort n’est point dramatisée de façon à ce que la survenue de l’événement ne soit qu’un moment de séparation momentanée pour des retrouvailles ultérieures. Pour d’autres c’est une séparation à jamais donc plus dure à vivre.

« Le deuil tendrait à devenir un état de base du fonctionnement psychique ; nous serions ainsi donc toujours en deuil de quelque chose : le sein perdu, l’enfance passée, un examen raté, un enfant parti, une maison quittée, un projet avorté, un conjoint décédé, un pays abandonné... Toute perte, tout renoncement, toute séparation susciteraient un affect de deuil qui nécessite un travail. »

Le travail de deuil est « un travail intérieur, inconnu de nous », dit Freud . Il est à l’inverse du travail du rêve : la prise en compte de la réalité doit s’imposer sans relâche et s’oppose au principe de plaisir ; le rêve satisfait un désir alors que le deuil enterre les souvenirs et les attentes. C’est un travail de décondensation, de fragmentation qui nécessite l’usage temporaire de mécanismes de défense comme le clivage et l’idéalisation.

Pour Klein, Le travail de deuil est un travail de construction plus que de détachement. Ainsi, elle met en évidence l’aspect créatif de cette période dont l’objectif n’est plus la restitutio ad integrum du modèle médical. « C’est en réinstallant en lui ses “bons parents” aussi bien que la personne qu’il vient de perdre, et en reconstruisant son monde interne désagrégé et en danger, qu’il surmonte sa souffrance, retrouve la sécurité... ». D’où l’importance de cette transmission maternelle qui nous structure ou nous affaiblit suivant son introjection.

Si vivre c’est être en relation, comment vivre après la perte de l’être aimé ? Le principe de développement a-t-il un lien avec la perte de l’être aimé ? Comment une personne peut-elle survivre et donc continuer à se développer après la perte de celui ou celle avec qui la communication était privilégiée, avec la perte de celui ou celle qui lui était particulièrement proche et affectivement liée ? De celui qui lui avait permis de se développer jour après jour ? De celui qui avait partagé sa vie depuis une moitié de siècle ?

La mort d’autrui renvoie au mystère de la vie, mais renvoie aussi à la solitude de l’homme qui se retrouve sans son alter ego et donc face à la perte de cette partie de soi, et de son ego. Toute la vie est cependant rythmée par de telles pertes « pour toujours et plus jamais comme avant » tant d’une personne aimée que de parties de soi. La perte d’un être cher tout comme la perte de ses propres spécificités (sensorielles ou apparition de handicap) au fil de sa vie, renvoie à ce devoir de se défaire des certitudes sur sa toute-puissance. Cette perte à tout jamais est plus qu’un fait ou un événement, mais bien questionnement existentiel pour celui qui reste. Cette perte ouvre sur un état traumatique qu’un être humain subit et au-delà duquel il doit survivre. *

Le deuil consiste à se mettre en disposition pour que l’être disparu à tout jamais du point de vue physique, malgré son absence de place dans le monde, puisse prendre une place du point de vue symbolique dans le cœur du survivant.

Si la mort touche tout homme, la mort d’autrui peut paraître supportable quand autrui n’est pas connu, quand la mort se passe loin de soi. Face au décès d’un citoyen, l’homme peut avoir de la tristesse et du désarroi mais sans pour autant s’endeuiller. Par contre, combien sera-t-il frappé à cœur de la mort d’un être avec qui il avait eu de fortes attaches affectives même s’il ne le voit plus depuis des années ?

L’homme survivant devient une personne endeuillée. Ce n’est pas un savoir, ni une expérience que l’on cherche à avoir. C’est un changement d’état qui survient inéluctablement lors de la perte d’une personne chère. Etape, processus, travail, phase, tous ces mots traduisent la rupture entre l’avant et l’après de cette disparition.

Comment vivre de cette déflagration ? Être endeuillé, c’est donc continuer à vivre et de ressentir l’absence de son regard, de sa chaleur, de son odeur, de ses vibrations, de ses bruits dans lesquels l’endeuillé baignait ressentant la perte en négatif. Il se sent anesthésié de la perte sensorielle extrême tout en gardant une pleine conscience de la réalité. Il ressent alors une forte impression d’étrangeté du fait de la privation de ses références corporelles archaïques structurelles. Sa dynamique psychique est seule capable à ce moment aigu de pouvoir reprendre le dessus en essayant de communiquer avec l’être disparu par la pensée ou en vivant de nouveau mentalement les souvenirs vécus ensemble.

De nombreux mois vont passer où mémoires et oublis vont alterner. « Comment ne pas oublier autrui quand il n’est plus présent physiquement ? » se demande tout endeuillé, jusqu’à tout faire pour se mettre des assurances afin de ne pas sombrer dans l’oubli. Ce qui remet en branle la valse des cauchemars et des épisodes dépressives. Les anniversaires sont autant d’épreuves qui réactivent la pensée de la perte, que le défunt ne pourra pas partager avec le survivant autant des moments de vérification que le défunt est toujours présent dans la mémoire personnelle et collective.

Peu à peu au fil du temps, la personne endeuillée pourra entrer réellement une narrativité de sa vie présente sans l’autre et de sa vie antérieure avec lui. Une histoire qui reprend du sens c’est-à-dire une direction avec des projets. Une vie qui se décline pour elle-même, par elle-même, distanciée du défunt non pas par oubli, mais bien parce qu’intériorisation et réappropriation de l’être disparu en sa pensée affective (son cœur, comme on le dit). Un défunt dont on peut ensuite reparler, dont on peut entendre sa voix sur un enregistrement avec émotion et avec quelques larmes, mais sans que cela ne ramène plusieurs années en arrière face au drame et ne fasse replonger dans un nouvel épisode de dépression réactionnelle.

* « Comment penser l’homme »- Alain de Broca 


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